Orientation stratégique 4 : accéder aux soins et aux accompagnements utiles et adaptés, au bon moment au bon endroit

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Un professionnel de santé en discussion avec une personne âgée
Crédit : Raphaël de Bengy

Autrefois essentiellement mobilisés pour la prise en charge d’épisodes de maladie aiguë dans une logique de soins non programmés, les services de santé ont basculé dans une activité programmée de suivi d’une population vieillissante et de malades chroniques sur rendez-vous.

Cette activité à modifié profondément les pratiques des professionnels de santé et le recours aux établissements de santé, et créé des tensions s’ajoutant à celles créées par des risques émergents.

Cette bascule a aujourd’hui deux conséquences. D’une part, un nombre croissant de personnes arrivant sur un territoire a des difficultés à s’inscrire dans la file active d’un médecin traitant. D’autre part, le besoin de soins non programmés qui ne trouve pas de réponse dans les cabinets sur les plages ouvrées, se reporte sur la permanence des soins, en dehors des heures d’ouverture des cabinets médicaux, ou vient allonger la file d’attente des services d’urgences tout au long de la journée.

Le phénomène est amplifié de façon importante en raison d’une démographie préoccupante des professionnels de santé libéraux avec le départ à la retraite de la génération de professionnels formés avant le numérus clausus. Il va s’amplifier dans les années à venir sous l’effet de l’augmentation de la population et de ses besoins, et des réserves à s’installer de la génération montante de professionnels de santé aux fortes attentes de conciliation entre vie professionnelle et vie privée, de diversification du parcours professionnel et de travail en équipe pluri-professionnelle, trois dimensions peu développées jusqu’à récemment.

Par ailleurs, l’accès aux avis spécialisés est un sujet de préoccupation pour les professionnels du premier recours comme pour les patients, car les spécialistes se concentrent dans les grandes villes et près de plateaux techniques qui eux-mêmes se regroupent pour des raisons d’efficience et de qualité. Beaucoup d’espoir est mis dans les nouvelles technologies de l’information et la télémédecine. Cependant, l’opportunité que représente leur développement est freinée par la remise en question profonde des pratiques et des organisations de travail qu’elles entraînent et par un modèle économique qui se cherche encore.

La qualité et la sécurité des soins, ainsi que la soutenabilité du système de santé passent par une organisation efficiente du système sans rupture, sans redondance et reposant sur une circulation optimisée des patients, des ressources et de l’information. L’organisation d’une meilleure complémentarité entre professionnels du soin primaire et équipes spécialisées est source d’amélioration, de qualité et de disponibilité de chacune de ces compétences expertes rares. Enfin la pertinence des soins recherchée systématiquement tout au long du parcours doit se concrétiser par des améliorations des pratiques et des organisations.

La transformation du système de santé qui s’impose aujourd’hui à tous les pays industrialisés, émergents ou en développement redistribue les cartes. La distribution spatiale des activités doit être révisée, concentrées pour certaines pour des raisons d’efficience, de qualité et de dématérialisation possible, maillant finement le territoire pour d’autres selon que la proximité ou au contraire la concentration d’une masse critique détermine la qualité, la pertinence, l’efficacité et l’efficience. De même, le développement des ressources humaines et la formation doivent anticiper quantitativement et qualitativement les évolutions des pratiques, des métiers, et des interactions entre professionnels. La formation pourra s’appuyer sur la ‘pédagogie par l’erreur’ et les techniques de simulations qui sont déjà bien développés dans la région.

Les attentes des personnes âgées ont également évolué. Elles souhaitent très majoritairement vivre à leur domicile même en situation de dépendance. Si les EHPAD restent une réponse indispensable pour l’accompagnement des troubles cognitifs importants sous réserve d’adaptation de leur architecture et des accompagnements proposés, ils ne sont plus le passage naturel lorsque survient le grand âge. La transition à effectuer est d’une part celle de la spécialisation des EHPAD dans l’accompagnement de la grande dépendance, et d’autre part celle de l’adaptation de la société toute entière aux conséquences du vieillissement y compris l’organisation des soins et des accompagnements à domicile.

Deux évolutions simultanées indissociables pour permettre un libre choix réel des personnes et de leur entourage. Les attentes en matière d’accompagnement du handicap révèlent une très forte aspiration à vivre au sein de la cité et de bénéficier à cet effet de réponses d’accompagnement ‘sur-mesure’ qui s’adaptent à l’évolution des besoins au fil du parcours de vie, école, travail, loisir et culture, vieillissement prématuré et bien entendu accès aux soins adapté à la situation de handicap.

C’est en réalité toute l’organisation du système de santé qui est remise en question par ces évolutions sociétales et technologiques, qu’il s’agisse des prestations de soin ou des accompagnements médico-sociaux.

  • Favoriser l’accès précoce au dépistage et au diagnostic et structurer l’annonce à tous les âges de la vie
  • Améliorer l'accès aux soins de premier recours
  • Améliorer et organiser le recours aux soins spécialisés et l'articulation entre le premier et le second recours
  • Optimiser l'organisation de la réponse aux demandes de soins non programmés
  • Améliorer l’accès aux soins et à la santé des personnes en situation de handicap
  • Adapter l'offre des établissements pour personnes âgées dépendantes à l’évolution des besoins et poursuivre le rééquilibrage territorial
  • Proposer des réponses médico-sociales souples, modulaires, évolutives, adaptées aux besoins des personnes en situation de handicap
  • Améliorer la pertinence des soins
  • Faire de la qualité un enjeu partagé entre acteurs et usagers
  • Améliorer la performance médico-économique des opérateurs
  • Adapter le système de santé aux situations sanitaires exceptionnelles
  • Adapter la formation, la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences aux enjeux d'organisation nouvelles ou innovantes

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