Renforcer le pouvoir d’agir des citoyens sur les déterminants de leur santé

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Determinants sante ars pdl

Cet objectif opérationnel du schéma régional de santé décline l'orientation stratégique 2 : le citoyen, l’usager, acteur de sa santé et de son parcours de santé.

Résultat attendu

Les connaissances et représentations des personnes à l’égard des problèmes de santé et des facteurs de risque et de protection sont liées à de nombreux facteurs (milieu social, histoire de vie, éducation…) et se construisent tout au long de la vie. L’information en santé, qui peut être transmise par de nombreux vecteurs, peut contribuer à les faire évoluer. Le sentiment d’information des ligériens apparaît relativement bon et assez proche de la moyenne nationale (baromètre santé 2014, Inpes, exploitation ORS. Concernant l’alcool, le tabac ou la contraception, ce sentiment est particulièrement élevé : au moins 90 % des ligériens se disent « très bien » ou « bien informés ». Ce sentiment est de 80 % pour le sida et le cancer, et ce niveau décroît pour la maladie d’Alzheimer, les infections sexuellement transmissibles, la dépression, les hépatites virales ou les grandes épidémies.

Cependant, en prévention, informer les populations sur les déterminants de santé est nécessaire, mais pas suffisant pour aider les personnes à agir favorablement sur leur santé. Ceci est confirmé par les données épidémiologiques défavorables en région pour certains indicateurs comme les consommations excessives d’alcool chez les jeunes. La Charte d’Ottawa (1986) pose la stratégie à mener en promotion de la santé et cite deux principes, parmi les cinq, en lien avec le pouvoir d’agir des citoyens sur les déterminants de santé :

  • Le renforcement de l’action communautaire, c'est-à- dire la démocratie sanitaire, par la possibilité, pour les individus et les groupes de participer aux décisions,
  • L’acquisition d’aptitudes individuelles, par l’information et l’éducation à la santé.

Ainsi, l’ARS avait dans le PRS1 inscrit en première priorité du schéma de prévention la nécessité de sensibiliser, informer et éduquer à la santé des populations notamment en s’appuyant sur des acteurs de terrain qualifiés dans ces domaines d’intervention. Deux leviers ont notamment été utilisés :

  • Le pôle régional en éducation pour la santé réunissant l’IREPS, la Mutualité Française, l’ORS, AIDES, SIS Animation, Fédération Addiction, ANPAA, en capacité de mettre à disposition des ressources documentaires et d’organiser des formations et des journées d’échange de pratique. L’évaluation du PRS1 a montré notamment l’augmentation de la fréquentation des services de l’IREPS,
  • La consolidation d’un réseau d’opérateurs ressources dans les thématiques prioritaires (santé-mentale, nutrition, relations affectives et sexuelles, addictions, santé- environnement) dont les qualités d’intervention ont été démontrées et sur lesquels peuvent s’appuyer les partenaires et acteurs locaux. Ainsi, le montant des CPOM avec les opérateurs ressources a été multiplié par 3 en 5 ans pour atteindre un montant de 3,5 millions d’euros.

Par ailleurs, l’ARS s’est fortement mobilisée avec ses partenaires de l’Education nationale et de l’enseignement privé pour développer les CPS d’une classe d’âge. Les CPS constituent en effet un axe central des programmes repérés dans la littérature comme ayant fait preuve d’efficacité dans le champ de la prévention des conduites à risques chez les jeunes (consommation de substances psychoactives, troubles du comportement et pensées suicidaires, grossesses à l’adolescence…). Un programme expérimental 2015-2017 « en santé à l’école » a été confié à l’IREPS, en coordination avec l’ANPAA et la Fédération Addictions. La stratégie définie visait le transfert de compétences en développement des CPS aux enseignants et les premiers retours positifs ont permis, par anticipation avant les conclusions de l’évaluation attendues début 2018, d’engager la réflexion sur la reprise du pilotage du renforcement des CPS en milieu scolaire ordinaire par le Rectorat, dans une perspective de généralisation et dans le cadre du futur projet académique 2018-2022.

Dans le cadre du PRS2, les nouveaux enjeux posés sont ceux de la généralisation de l’expérience et de sa diffusion au-delà du milieu scolaire ordinaire.

La dynamique doit être poursuivie et amplifiée car le sentiment d’information sur les déterminants de santé est encore inégal selon les thématiques ou les niveaux d’études. Par ailleurs, la participation des citoyens aux dispositifs territoriaux de santé n’est pas assez systématisée et enfin les opérateurs ressources en prévention et en éducation pour la santé ne sont pas encore assez connus et dimensionnés pour appuyer les acteurs locaux en tout point du territoire.

Les efforts doivent encore être poursuivis pour diffuser une culture de la promotion de la santé auprès des populations en favorisant la communication sur les déterminants de santé. Par ailleurs, il est nécessaire de favoriser l’expression et la place des citoyens dans les dispositifs locaux (CLS, CLSM, ou les instances de démocratie sanitaire (Conseils Territoriaux de santé, CRSA).

Ensuite, il est nécessaire de développer une offre d’éducation à la santé répartie sur le territoire, accessible à tous (littératie1) mobilisant des professionnels et des bénévoles qualifiés en contact avec les publics (associations, services d’action sociales, éducateurs, enseignants, personnels soignants, services universitaires..). Le transfert de la tutelle nationale des pôles régionaux d’éducation pour la santé de l’INPES, aujourd’hui Santé Publique France, vers les ARS constitue une opportunité à saisir pour créer un dispositif régional de soutien aux politiques et aux interventions en promotion de la santé/prévention, en renforçant sa visibilité, en favorisant formations et les temps d’échanges de pratiques entre les opérateurs et les acteurs institutionnels, et en étant plus en lien avec les pôles universitaires de santé et de sciences sociales.

Par ailleurs, dans l’objectif de favoriser le renforcement des CPS en milieu scolaire, l’ARS sera en appui du Rectorat et de son projet académique, notamment de l’objectif « développer la prise en compte des compétences psychosociales ». Enfin, dans un souci d’universalisme proportionné, il s’agira d’encourager l’accompagnement et le transfert de compétences en renforcement des CPS à des acteurs relais au contact de publics fragiles, en ciblant les professionnels de la parentalité, les personnels des établissements scolaires situés sur des territoires marqués par les difficultés socio- économiques, d’autres professionnels intervenant auprès de publics jeunes en situation de fragilité, dans des milieux spécifiques (ASE, établissements médico-sociaux, établissements de la PJJ.

Enfin, il est prévu de développer l’axe de l’éducation à la santé-environnementale qui est moins connu du public et des acteurs de prévention, notamment dans les thématiques risques auditifs et habitat. C’est l’objet de l’axe 5 du 3ème plan régional santé-environnement.

Indicateurs cibles

Leviers d'action

Impliquer les citoyens dans la définition, la mise en œuvre et l’évaluation des actions de prévention territoriales.

Renforcer la communication auprès du public sur les déterminants de la santé2 et les dispositifs de prévention :

  • Diffusion des diagnostics de l’état de santé de la population dans les territoires
  • Apport de connaissances sur les déterminants de santé
  • Informations sur les concepts de prévention/promotion de la santé/éducation à la santé/littératie en santé
  • Communication sur les dispositifs de prévention existants (campagnes, acteurs…)

Favoriser l’accès à une offre de prévention de qualité :

  • Développer la formation des acteurs
  • Garantir l’équité territoriale de cette offre
  • S’assurer de la cohérence de l’offre : mise en réseau, échanges de pratiques entre les acteurs.

Développer la stratégie de renforcement des compétences psychosociales en s’appuyant sur l’expérience acquise en milieu scolaire ordinaire pour déployer des actions auprès de certains publics fragiles :

  • Professionnels de la parentalité,
  • Personnels des établissements scolaires situés sur des territoires marqués par des difficultés socio-économiques,
  • Acteurs en contact avec des publics jeunes en situation de fragilité, dans des milieux spécifiques (ASE, établissements médico-sociaux, établissements et services de la protection judiciaire de la jeunesse)

Favoriser l’éducation à la santé environnementale des citoyens (notamment sur les thématiques risques auditifs, habitat-santé) :

  • Intégrer la prévention des risques auditifs aux pratiques amateurs et professionnelles
  • Mettre en réseau des acteurs intervenant auprès du public sur habitat et santé

1 Pour approfondir, voir ‘Communiquer pour tous : Les enjeux de la ‘litteratie’ en santé.
Dossier thématique. La santé en action n° 440 - juin 2017’
Définition : adapter les messages de prévention aux différents niveaux de compréhension individuelle

2 Voir livret du PRS prévention promotion de la santé