Organiser un accueil adapté pour les personnes vieillissantes en situation de précarité

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Visuel d'une personne âgée de dos accompagnée par une soignante
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Organiser un accueil adapté pour les personnes vieillissantes en situation de précarité.

resultat attendu

Les professionnels du champ de la lutte contre les exclusions constatent un vieillissement précoce (à partir de 45 ans) des personnes en situation de grande précarité qui ont pu connaitre un parcours de rue. (Étude en 2014 DRDJSCS sur  pensions de famille, enquête ARS/FNARS en 2016 auprès des CHRS, LHSS, ACT et groupe de travail CRSA santé/ précarité). 

Cela se traduit par :

  • Un état de santé dégradé très tôt impliquant des problèmes de mobilité, de chutes, d’incontinence et de cognition, 
  • Des traitements médicaux lourds,
  • Le besoin d’une présence quotidienne (ménage, courses, retrait d’argent…),
  • Des pathologies neurodégénératives.

Pour deux raisons : 

  • Comme l’évaluation ARS des politiques en faveur des personnes en situation de vulnérabilité le pointe, malgré les difficultés de vie, un grand nombre d’entre-elles, probablement mieux prises en charge, vieillissent plus longtemps, d’une part.  
  • D’autres sombrent dans la précarité en deuxième partie de vie (pour des raisons de santé, perte d’emploi, rupture familiale, addictions), ou s’isolent lors du passage à la retraite, en milieu urbain comme en milieu rural, d’autre part.

Ainsi, que ce soit de façon prématurée ou non, le nombre de personnes vieillissantes en situation de précarité ayant besoin d’un hébergement médico-social va suivre la même évolution que pour la population générale.  Partageant ce constat dans les Pays de la Loire, l’ARS, en lien avec la commission médico-sociale de la CRSA et la DRDJSCS ont engagé une réflexion régionale sur l’accueil et l’accompagnement des personnes en situation de précarité confrontées au vieillissement. Pour alimenter cette réflexion, deux enquêtes ont été menées, une portée par l’ARS et la FNARS sur les structures d’hébergement médico-sociales et structures d’hébergement d’urgences avec deux constats partagés : 

  • Même si le nombre de personnes en attente d’une place en structure sociale (EHPAD/SSR/FAM/MAS,…) est faible, l’absence de réponse « engorge » les dispositifs médico-sociaux dédiés (Appartement de coordination thérapeutique, Lits Halte Soins Santé et le futur LAM) et les  structures sociales (pensions de famille, résidences accueil,  CHRS) non adaptées pour les personnes vieillissantes ayant besoin de soins au long cours. Ce qui a pour effet également de diminuer la capacité d’accueil  en hébergement pour les personnes en situation de précarité par département.
  • Ces personnes vieillissantes ont besoin de soins au long cours et malgré  une dépendance physique pour certaines sont accueillies dans des locaux non-adaptés.  

Résultats des enquêtes réalisées en 2015 et 2016 : 

  • Sur les 49 places de LHSS, dispositif médico-social pour des séjours de moyenne durée (6 mois, renouvelable), 39 % sont occupées par des personnes de plus de 50 ans dont 76 % sont atteints de maladies chroniques et 42 % avec une mobilité réduite avec des perspectives de sortie du dispositif réduite, ou un risque de retour à la rue dans ces conditions.  
  • Dans les Centres d’hébergement d’urgences/Hébergement de stabilisation et d’insertion (CHRS), 16,4 % des personnes hébergées ont plus de 50 ans (dont 3 étaient âgées de + de 75 ans), 31,40 % souffrant de maladies chroniques, 16 % en situation de mobilité réduite et 15 % relevant d’une place en EHPAD.
  • Sans oublier les personnes placées sous-main de justice avec une estimation nationale de 11% des plus de 50 ans.
Personnes + 50 ans structures medico sociales

Différents profils de personne identifiés avec différents besoins de logement adapté :

  • Personnes ayant connu essentiellement la rue et un parcours d’errance (principalement des hommes seuls),  
  • Femmes à la rue de +55 ans suite à des problèmes familiaux ou migrantes, 
  • Les personnes non hébergées, isolées dans leur logement en milieu rural ou urbain, en situation d’habitat insalubre ou non, 
  • Des personnes avec des maladies chroniques de – 60 ans à la rue ou en hébergement social, 
  • Des personnes sous-main de justice ou en sortie d’incarcération dont la dépendance est accrue par une longue peine.

Les problématiques communes identifiées : 

Des maladies chroniques nécessitant une prise de traitement au long cours et des conditions de vies adéquates,

Des personnes pouvant être en situation d’addictions (avec des traitements de substitution de plus en plus fréquents.),

Des personnes en fin de vie,

L’isolement social avec peu ou pas de liens,

Un taux d’endettement ou de très faibles revenus rendant inéligible une demande d’hébergement en établissement pour personnes âgées.

Des situations administratives sans issue,

Une fragilité psychologique accentuée dans les périodes de transition (passage d’un hébergement à un autre),

Un besoin d’être en proximité de leur ancien lieu de vie, d’être assuré de pouvoir y revenir régulièrement pour garder des liens avec son entourage,

Et enfin, la nécessité de sensibiliser les établissements médico-sociaux autour de l’accueil des personnes en situation de précarité. 

indicateurs cibles

leviers actions

Mobiliser la coordination des politiques publiques pour favoriser les offres d’hébergements et de logements  gradués avec un accueil inconditionnel à proximité de structures collectives et de services.

Renforcer/Compléter la couverture territoriale des dispositifs médico-sociaux dédiés (par des lits haltes soins santé, des Lits d’accueil médicalisés, des Appartements Coordination Thérapeutique et par des logements accompagnés, type « un chez soi d’abord ») pour accueillir et stabiliser la personne avant orientation dans un dispositif de droit commun

Développer la coordination des acteurs avec les  structures médico-sociales (personnes âgées, personnes en situation de handicap et personnes en situation de précarité) et avec les structures sociales pour soutenir l’accès aux dispositifs de droit commun.

Accompagner le développement d’accueils adaptés à la précarité par territoire en hébergement médico-social (EHPAD, FAM, MAS) autour des questions de l’adaptation des règlements intérieurs,  de l’animation  en intégrant les questions de  situations administratives sans issues et d’’insolvabilité des personnes.

Développer une éducation thérapeutique adaptée aux situations de précarité notamment concernant les maladies neurodégénératives

Conforter la prise en compte de la précarité  dans les missions des dispositifs de soins à domicile  (SSIAD, HAD, Soins palliatifs, SAMSAH et SAVS) avec une intervention sur les différents lieux de vie (CHRS, Pensions de famille, squat et bidonvilles).

Intégrer les questions de précarité des personnes vieillissantes dans  la gestion des situations complexes et leurs accompagnements en lien avec les SIAO et en s’appuyant sur les expertises existantes. Y intégrer l’accompagnement des personnes en situation d’habitat indigne