Soutenir l’accès aux soins et à la prévention des jeunes en situation de précarité

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Photo d'un personne jeune se faisant soigner la main
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Soutenir l’accès aux soins et à la prévention des jeunes en situation de précarité.

resultat attendu

L’objectif final du PRAPS est  l’accès aux soins et à la prévention pour l’ensemble des personnes en situation de précarité. Cependant, l’observation par les acteurs de terrain des risques de ruptures menant à une situation de précarité a permis d’identifier l’adolescence et le passage à la vie d’adulte comme un des risques majeurs de précarité.

La santé des jeunes a été une priorité régulièrement réaffirmée dans la décennie écoulée au niveau national et déclinée au niveau régional. Elle a connu un regain d’activité fin 2013-début 2014 notamment dans la définition de la stratégie nationale de santé, et constitue l’une des priorités, affichées de la loi de modernisation de santé.

Toutefois, la population des jeunes ne constitue pas une entité homogène, et toute tentative de segmentation par tranche d’âge se heurte à la singularité d’un individu dans le rythme de passage des moments clés que l’on peut retenir pour caractériser ce public (sortie de l’enfance, entrée dans l’adolescence et passage à un mode d’entrée dans la vie adulte). En 2015, l’évaluation de la politique régionale de santé en faveur du bien être des jeunes, identifie la tranche d’âge des 16-25 ans (entrée dans l’adolescence, dans la vie affective et sexuelle et entrée dans la vie active) comme pouvant générer des situations de fragilités, accrues par les déterminants sociaux et environnementaux.

Plusieurs publics ont été identifiés au cours des travaux de cette évaluation ainsi qu’au cours des travaux PRAPS : 

  • Les jeunes en décrochage ou fin de prise en charge par différents dispositifs (scolaires, médico-sociaux, ASE, PJJ,  …),
  • Les jeunes relevant de l’aide sociale à l’enfance,
  • Les jeunes relevant de mesures judiciaires (étude de l’IREPS),
  • Les jeunes présentant des fragilités socio-économiques (dont les jeunes des zones urbaines sensibles),
  • Les mineurs non accompagnés (MNA)
  • Les très jeunes parents.

L’évaluation a  identifié également quatre problématiques majeures pour l’ensemble des jeunes ligériens :  

  • La mortalité par suicide,
  • La consommation d’alcool (en particulier pour certaines populations, en apprentissage professionnel, notamment),
  • Les problématiques psychiques (du mal être aux troubles psychiques voire psychiatriques),
  • Les questions de surpoids relevées notamment chez les jeunes les moins favorisés.

Des phénomènes de paupérisation sont également observés pour certains publics, notamment parmi les étudiants, les usagers des habitats des jeunes (ex FJT) ou des missions locales, ceux-ci pouvant s’accompagner de phénomène de renoncement aux soins.

Dans tous les cas, les membres des différents groupes de travail PRAPS tant régionaux que départementaux ont relevé que les problématiques liées à l’isolement social, les situations de ruptures familiales ou sentimentales, la sortie de dispositifs scolaires mais aussi sociaux et médico-sociaux (ASE, ITEP, IME,…) sont des  facteurs de risques  majeurs de situation de précarité, de renoncement aux soins voire de tentatives de suicides.

Quelques chiffres en Pays de la Loire

  • 46 % des personnes hébergées en hébergement d’urgence ont moins de 24 ans (soit 665 jeunes sur 1445 personnes hébergées en urgence le 14 mars 2017)
  • 65 000 jeunes accompagnés par 22 missions locales soit un jeunes sur sept dans la classe d’âge 16-25 ans
  • 7500 jeunes entre 16 et 30 ans accueillis dans 52 Habitats des Jeunes (résidences ou FJT)

Le taux de pauvreté des moins de 30 ans

  • plus élevé que la moyenne régionale : 17,2 % contre 10.7 %,  
  • mais plus faible que la moyenne nationale (22,8 %)
  • et des disparités par département :
    • en Loire-Atlantique : 16.3 %
    • en Maine et Loire : 18.5 %
    • en Mayenne : 16.8 %
    • en Sarthe : 21 %
    • en Vendée : 13.6 %

Problématiques communes

Une difficulté d’observation notamment en sortie de dispositif scolaire accrue par l’isolement social et la pluralité des situations (insertion par l’emploi, formation professionnel hors éducation nationale, insertion en PME,  sortie de dispositifs sociaux et médico-sociaux, PPMJ en milieu ouvert, …) avec la nécessité de travailler l’observation sur deux axes, les quartiers prioritaires de la politique de la  ville et les zones de désertification rurale.

De nombreux partenariats existants mais des difficultés de coordination notamment pour les situations complexes  la nécessité d’intégrer dans la coordination les médecins généralistes pour les aider dans l’orientation de leur jeune patient.

Dans le cadre des coordinations des politiques publiques, des réseaux d’acteurs sont  à renforcer  par l’ARS notamment dans les champs de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes.

Un rôle de coordination des acteurs accordée aux Maisons des Adolescents (MDA) mais avec quelques limites dont l’inégalité du maillage territorial, l’absence de couverture de la tranche d’âge 21-25 ans pour certaines MDA, l’implication variable de certains acteurs institutionnels.

Enfin, face à la diversité des profils des jeunes et des situations de vie (foyers, établissements scolaires, missions locales, points d’information jeunesse, SUMPS, centres de planification familiale), il n’y a pas de porte d’entrée unique où le champ santé serait investi.

Recommandations :

Se saisir de la coordination des politiques publiques pour renforcer l’observation et le suivi des données sur les problématiques de santé des jeunes en situation de précarité afin de mieux identifier les actions à mener par département.

Améliorer le ciblage des actions de prévention et de promotion de la santé dans une visée de prévention des inégalités de santé.

Renforcer le rôle de coordination des Maisons des Adolescents et leur permettre d’aller vers les jeunes publics en situation de précarité, notamment, dans les dispositifs d’accueil et d’orientation.

Organiser la gestion des situations complexes afin de soutenir dans ses soins, tout jeune en sortie de dispositif, tout particulièrement lors du passage du statut de mineur à celui de majeur.

Renforcer les partenariats par des conventions d’observation et de travail en filière, notamment avec l’éducation nationale, la PJJ mais aussi dans  les champs de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes.

Articuler le programme de prévention en faveur des jeunes avec le parcours de santé qui depuis 2017 fait partie des nouvelles missions de l’éducation nationale.

indicateurs cibles

leviers actions

Identifier les différents profils des jeunes en situation de précarité par territoire/département et par dispositif assurant le rôle de porte d’entrée afin de mieux couvrir les différents champs (sociaux, insertion sociale et professionnelle, PPMJ en milieu ouvert, formation professionnelle,…) et mieux cibler les actions, notamment de prévention.

Renforcer le maillage territorial des maisons des adolescents (MDA) pour leur permettre d’aller vers les jeunes publics en situation de précarité, en veillant à l’articulation avec les dispositifs d’accueil et d’orientation PAJE et missions locales.

Renforcer la place des professionnels libéraux, notamment, les médecins libéraux en tant qu’acteurs du repérage et de l’orientation des jeunes patients.

Mobiliser par des actions de soutien les professionnels de santé des champs médico-sociaux et sociaux autour des enjeux du repérage  précoce des fragilités pour mieux anticiper les sorties ou décrochages de dispositifs (mineurs/majeurs, sortie d’IME et d’ITEP) et ainsi en assurer la continuité des soins.

Soutenir les associations et partenaires œuvrant dans le champ de la prévention promotion de la santé  afin de développer des actions auprès des publics jeunes fragiles, notamment, dans les territoires identifiés isolés  (IREPS, SUMMPS, ANPA, collectivités, ‘habitats des jeunes’, PJJ, MSA, CPAM, URIOPSS et FARS…)

Renforcer le programme « développement des compétences psychosociales » tant auprès des équipes pédagogiques de l’éducation nationale que celles des structures médico-sociales et sociales pour mieux les associer à la construction du bien être des jeunes.

Soutenir la parentalité pour les familles en situation de précarité sur les sujets de la petite enfance (relation enfants/parents chez les très jeunes parents) et sur l’accompagnement des jeunes en difficulté par la prise en compte de la parole des parents (en approche individuelle ou collective)